D'UNE ELEGANCE RARE ET PLUS FORTE QUE L'EBENE...
« Finn j’ai peur… » Mon frère me serra encore plus contre essayant de couvrir la voix de mon père. Mais, quoi qu’il fasse j’avais toujours l’impression de l’entendre encore plus fort qu’avant. Je retenais ses perles salées, je ne voulais pas pleurer encore cette nuit à cause d’un père trop colérique. Le pire c’est de se sentir impuissant devant tout ça, du haut de mes six ans je ne pouvais rien faire. Je n’étais pas en âge pour me rebeller contre mon père. Je ne faisais pas le poids contre cet homme que j’appelle père. Une musique douce envahit la pièce, Finn avait allumé sa radio au moins la voix de notre père était étouffée.
« Finn tu crois que papa, va continuer longtemps ? » Finn se décolla légèrement de moi puis planta ses yeux dans les miens. Il était tout aussi perdu que moi, et semblait fatiguer des coups de gueule de l’ivrogne. Maman sanglotait encore et encore le plus discrètement possible, pensant que ces deux filles n’entendent rien. Foutaise les murs était aussi fins que du papier à tabac. Les voisins devaient eux aussi entendre les déboires de notre famille. Les Fitz famille heureuse en apparence mais, une famille désunie. Je ne pouvais compter que sur mon frère, je sais qu’il sera toujours là pour moi contrairement à mes parents. A croire que nous étions justes là pour décorer la maison.
« Je ne sais pas Jezz…. » Au fond je savais qu’il aurait peu d’éléments pour me répondre. Quand ? Comment savoir quand papa arrêtera de jeter sa bile sur maman ? Je me resserrai contre lui, pour trouver un peu de calme. Placer ma respiration au même niveau que ces battements de cœur. C’était comme si le silence avait envahi d’un coup la chambre de Finn. Je ne rêvais pas papa avait fini de crier, mon frère se redressa et écouta attentivement chaque bruit. Aucun pour la première fois le silence était entre ces quatre mur de papier, une latte craqua une ombre c’était formée sous la porte. D’un geste protecteur Finn passa son bras devant mon corps frêle, la poignée tourna puis le visage de ma mère était apparu.
« Maman… » Elle se précipita vers nous, nous prenant dans ses bras. Son parfum délicat m’enivra en un instant, l’amour maternel c’était bien la première fois.
« Prenez vos affaires on s’en va. » Finn s’agitait déjà tout en prenant soin de prendre mes affaires. Tout se passa rapidement devant moi, j’étais toujours assise sur le lit. Jusqu’à ce que maman me prenne dans ses bras, la lumière du salon m’aveugla un peu mais je pu distinguer la silhouette de papa par terre. Je n’osais rien dire par peur qu’il se remette à crier une nouvelle fois. Finn prit encore quelques affaires avant que maman nous emmène dans la voiture.
« Maman, où est-ce qu’on va ? » Elle m’embrassa sur le front dégageant quelques mèches brunes de mon visage. Un sourire timide s’affichait sur son visage.
« Ne t’inquiètes pas ma puce, on part dans un endroit sur. Finn attache ta sœur s’il te plait. » Finn m’attacha pendant que maman passait devant pour démarrer la voiture. Un vrombissement silencieux la voiture avança doucement dans la nuit noire.
« Papa ? » « Ne t’inquiètes pas il ne nous ferra plus de mal, à personne d’ailleurs. » Je pris la main de Finn pour essayer de comprendre, et avoir un peu de réconfort de sa part.
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Je fermai mon casier avec une lenteur hallucinante, même un escargot irait plus vite que moi. Je dois dire que je n’étais pas vraiment enthousiaste pour me rendre en cours. De toute façon que j’y aille ou pas personne ne remarquerait la différence. Oui j’étais ce genre de lycéenne transparente, personne ne me voyait j’avais pris l’habitude d’autant plus que mon physique n’était pas aussi avantageux, que ces filles populaires. Aucun garçon ne s’arrêterait sur une fille qui porte de grosse lunette et un appareil dentaire. Mais, parfois cette solitude me pèse même si j’avais quelques amis mais j’avais l’impression que ce n’était pas assez. Pourtant je ne rêvais pas de devenir comme une de ces filles qui passaient leur temps au dessus des toilettes pour rester mince. Une fois mon casier fermé je regardai autour de moi, les lycéens affluaient dans les couloirs courant presque vers le prochain cours. Je re mis mes lunettes sur le bout de mon nez avant de suivre comme un mouton les autres élèves. Comme d’habitude je recevais des coups d’épaules, à leurs yeux je n’existais pas même un fantôme aurait plus de chance pour être connu. Mais, pourtant il devait sentir que j’étais là, tout ceci résume la loi du lycée. Soit tes populaires ou tu crèves ! Un liquide glacé vint me sortir brutalement de mes pensées. Je baissai les yeux vers mon tee-shirt qui malheureusement se trouvait être tout blanc. Je sentais mes joues viraient au rouge, quelques jeunes qui se trouvaient là trouvait la scène surement très drôle mais pas moi. D’autant plus que j’étais timide je n’osais même pas les affronter du regard.
« Vous n’a rien d’autre à faire ! » L’inconnu qui m’avait bousculé venait de me défendre, personne ne me défend d’habitude. Je me contentais juste de pleurer dans les toilettes des filles. Je ne comprenais pas son geste d’ailleurs je n’étais personne.
« Je suis désolé pour ton tee-shirt. » Je préférais regarder mes pieds ne sachant pas à quoi m’attendre.
« Ce n’est pas grave…. » Bien sur que si ça l’était pour moi, je n’avais rien pour cacher cette tâche énorme sur mon tee-shirt. Le logo des Rolling Stone ne cachait pas tout, je n’avais rien pour me changer.
« Tiens prends ça, tu en as plus besoin que moi. » Il me tendit sa veste et je n’osais toujours pas le regarder, je continuais à fixer sa main tendant sa veste. Je l’entendis rire je levai mes yeux aussi discrètement possible vers lui.
« Elle ne va pas te mordre. » Il posa sa veste sur mon épaule avant de partir je ne sais où.